lundi 5 août 2013

Ils sont venus et ils reviendront

Le 21 janvier 1966, l’élève Cochonou arriva en retard au lycée de garçon de Rambouyé, au cours de mathématiques du père Pelleriaux.

Il apparu, une roue de motocyclette à la main et le pantalon tout déchiré.

Un attroupement d'élèves intrigués commença à se former peu à peu autour du revenant revenu... comme se formerait un groupe de curieux autour d'un héros, seul survivant d’un cataclysme diplomatiquement planétaire.

La dissipation remplit la salle au son d'un grand brouhaha.

Profitant de la confusion, la classe de garçons polissons en profitait pour s'encanailler.
Les élèves Latribune et Dusollier mirent une épingle sur la chaise du père. 
Potiron et Citrouille, quant à eux fouillèrent le cartable de l’enseignant, pour cacher une dose de boule puante, dans sa boite de cigare de Cuba, son petit pêché mignon. 
Sardilord fit au tableau une esquisse douteuse, et Mallard en profita pour filer direction le pensionnat de filles d’à côté retrouver ses copines. 

Le père Pelleriau dû lancer sa carte stratégique, afin de remettre le calme parmi les blouses : il intima à Cochonou l'ordre d'expliquer son accoutrement du dimanche après la messe. 

L’élève Cochonou se lança et fit des grands gestes pour un grand discours.

Clamant, doigts croisés dans le dos que, partant de sa maison à horaire habituel, il enjambait vaillamment son motocycleur préféré, et roulait, à "faible allure raisonnable", dans la bourgade de Rambouyé lorsque, apparu de nulle part, brusquement devant lui... un "appareil étrange, surprenant et même mystérieux". 

Cochonou ne buvait pas.

L’alcool était réservé aux hommes mûrs comme son père (résolument "afin d'oublier le mur de l'usine et les mûres de sa belle-mère") ou expérimentés comme monsieur le curé ("à raison de 365 homélies par an, comme disait ses 3 fils et 45 maîtresses").

Cochonou ne pouvait donc pas avoir d’hallucination dues à l’alcool.

Quant aux autres drogues, il en ignora l’existence jusqu’à ses 27 ans, jour où il pu enfin accéder au paradis artificiel.  Il décida de n’en sortir que 5 ans plus tard : le jour où on lui déroba toute sa plantation personnelle.

Cochonou était donc en excellente santé de corps et d'esprit, et avait sa tête bien entre les 2 yeux.

Mais, disait-il, il vit, devant lui, un vaisseau qu'il qualifia "d'extraterrestre à roulettes" qui fonçait droit sur lui, à très très grande vitesse.
Il ne pouvait s'agir d'un TGV car à cette époque le train avait toujours ses vapeurs.

Il freina alors désespérément, zigzaga, mais "que rien ne fa", le vaisseau allait bien trop vite et "se déplaçait à l'anglaise" sur la chaussée.

Et "trop tard plus tard": un grand bruit se fit entendre. iiiiiiiiiiiiiiiiiiirrrrkkkkkkkkk (plus fort que le cris d'une souris, je vous prie).
Et les deux véhicules (le sien compris) se percutèrent dans un grand bruit de chaudière.

C’est après qu’il ouvrit les yeux.
Non, il n’était pas mort.

Mais son vélomoteur si !

L’élève Cochonou, s'époumonait devant l'assemblée. Il avait vu sa mort proche et revu tous les passages de sa vie (y compris le jour où il avait remplacé le sang du Christ par de l’huile de vidange). 

Prenant la roue restante à la main, il s’approcha du vaisseau... C'est alors qu'il les vit.

Des "extraterrestres tout jaunes à rayures bleues".

Courageux comme pas deux, il voulut les approcher.
Mais ceux-ci, terrorisés par la vision de l'homme à la roue, prirent leur courage à 5 jambes et 12 mains, et s’enfuirent dans un nuage de poussière.
Puis ils se désintègrent sous la pluie, ne laissant que leur 4ème antenne, qui ressemblait curieusement à des vis rouillées.

Profitant de leur disparition mystérieuse, il se lança dans la visite de leur vaisseau, et entra par la porte de leur animal de compagnie (un espèce de hamster-chiwawa-poisson-rouge-crevette de 30cm de haut qui dormait une espèce de lit gonflable clip clap).

Il vit alors, sur leur table-basse-courte tendance placard à confiture, avec stupeur, un plan d’invasion de la Terre.

Sous le choc il se prit un bouton de porte qui était en fait une poignée de douche et se retrouva aspergé de boue de grenouille. Il glissa par terre, croassa et se rattrapa à un rideau rayé bleu et jaune.
Le rideau s'écroula et, il entendit une déflagration suspecte, puis vit un immense nuage de fumée couleur saumon mais qui avait une odeur de camembert.

Aussitôt il sauta du vaisseau qui s’auto-détruisit aussi sec, dans un "pfffuut" aussi bruyant que le pet d'une mouche.

Remis sur pieds, il regarda sa montre et s’apercevant avec stupeur, qu’il était maintenant en retard, il pris la roue de son motocycle en temps que monocycle, et roula ainsi jusqu’au lycée.


On s’aperçut plus tard - suite à la venue de la gendarmerie - que cette histoire n’était qu’un tissus de mensonges habilement articulés. 

En réalité, Cochonou qui avait craint d’être en retard avait grillé un feu au carrefour de la Corne de Brume, ceci provoqua malgré lui un carambolage impressionnant.

Il s’était éclipsé discrètement, mais, il avait été aperçu par un témoin oculaire borgne des deux yeux, qui avait transmis son signalement à la gendarmerie. 

La vérité fut rétablie dans tout le lycée et ses écuries, et Cochonou écopa d’une belle punition (et pas que pour le coup de l’huile de vidange !)


 Fata Busetropourssa


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